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En musique

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« 68 La lassitude de toutes les illusions, et de tout ce qu’elles comportent – la perte de ces mêmes illusions, l’inutilité de les avoir, l’avant-lassitude de devoir les avoir pour les perdre ensuite, le chagrin de les avoir eues, la honte intellectuelle d’en avoir eu tout en sachant que telle serait leur fin. […] » Fernando …

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En pleine lecture du plaidoyer de Nikolaus Harnoncourt pour une « nouvelle conception de la musique », j’entends sur France Musique Stéphane Goldet souligner que le Quatuor Ebène, qu’elle reçoit samedi 11 février, a été classé en 3ème position lors d’une audition comparative à l’aveugle par une revue qui lui reproche « de dévoiler trop d’intentions, de saisir …

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« 
Le roi se déshabillait
Avec Éloi, son valet.
En tirant la manche auguste,
Éloi se piqua. « C’est juste,
S’écria le roi ;
C’est ma faute, Éloi,
Car j’ai mis hier, dimanche,
Je ne sais pourquoi,
Une épingle sur ma manche.

— Sire, Votre Majesté
A sans doute ainsi noté,
Pour en garder la mémoire,
Quelque projet méritoire ?
— Oui, sans doute, Éloi,
Répondit le roi,
À te croire, ami, je penche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Sire, Votre Majesté
Avait-elle médité
De renvoyer comme un cuistre
Son premier et seul ministre ?
— Non, mon bon Éloi,
Répondit le roi,
Laissons l’oiseau sur la branche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Sire, Votre Majesté
Aurait-elle décrété
De doubler mes honoraires
Aux dépens de mes confrères ?
— Non, mon pauvre Éloi,
Répondit le roi,
Ta demande est assez franche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Sire, Votre Majesté
Veut-elle faire un traité
Avec le roi de Navarre ?
La guerre est un jeu barbare.
— Non, mon sage Éloi,
Répondit le roi,
J’ai besoin d’une revanche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Sire, Votre Majesté
Aurait-elle contracté
Quelque emprunt ou quelque dette
Dont le paiement l’inquiète ?
— Non, prudent Éloi,
Répondit le roi,
Ce qu’on doit, on le retranche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Sire, Votre Majesté
Songeait-elle à sa santé ?
Elle aurait besoin peut-être
D’un médecin ou d’un prêtre ?
— Non, mon brave Eloi,
Répondit le roi,
Je suis ferme sur la hanche ;
Mais pourquoi, pourquoi
Cette épingle sur ma manche ?

— Alors, Votre Majesté
Songeait à l’hérédité
De son trône de Castille ?
Elle n’a ni fils ni fille.
— Oui, mon cher Eloi,
S’écria le roi,
Va chercher la reine Blanche ! »
Et voilà pourquoi
L’épingle était sur sa manche. »

Gustave Nadaud, goguettier, poète et chansonnier.


Illustration piquée au très beau site www.minussi.com

Parce que j’ai lu quelque part que Lady Gaga, en duo avec Tony Bennett, s’en tire avec les honneurs et même davantage, j’ai voulu en avoir l’oreille et le coeur nets.

Lady Gaga, en direct, sur Lush Life est convaincante ; elle a du talent et du métier, elle aime ce qu’elle fait…

Mais elle lorgne vers les chanteuses à voix, comme Barbra Streisand et ne me fera pas oublier Chris Connor, toute en subtilités, qui me trouble davantage…

Au début de son interprétation, Lady G. a quelques accents  d’Anita O’Day, ma préférée de toujours, une grande chic fille à la voix de miel et de malice…
ici elle donne Sweet Georgia Brown et Tea for two, au festival de Newport, en 1958, magnifiquement capté par Stern et Avakian dans Jazz on a Summer’s Day

En cherchant ces extraits, je suis tombée sur deux informations remarquables…
La première c’est que l’auteur du très salé – ou dessalé – Lush Life, Billy Strayhorn, « was a 15 year old soda-jerk who’d never left Pittsburgh, PA when he wrote it. He went on to become Ellington’s best collaborator! « , je traduis : BS était un serveur de sodas de 15 ans qui n’avait jamais mis les pieds hors de Pittsburgh, Pensylvanie, quand il l’écrivit. Il continua et devint l’un des meilleurs collaborateurs d’Ellington.

La seconde, c’est que « le 28 octobre 1970, lors d’un passage à Paris en première partie de Charlie Mingus, elle (Anita O’Day) fut huée et insultée par le public pendant plus d’une demi-heure. Finalement, Charlie Mingus est venu sur scène pour tenter de calmer les choses, et il déclara d’un air désespéré:  » Ce que vous faites subir à Anita ce soir, c’est ce que nous vivons tous les jours, nous, les noirs américains! «  »
Fin 1970, le public parisien, cultivé et élitiste, était capable de faire subir une telle infamie à une chanteuse reconnue et vivement appréciée par ses pairs, les musiciens. Quelle honte !